I – Jehan Séjournet

1
La lignée connue des Séjournet débuta en 1384 avec Jehan Séjournet, dit ‘l’aisné’, quand celui-ci s’adressa à la juridiction d’Ath pour obtenir paiement de créances. Il devint bourgeois d’Ath, puis échevin d’Ath, de 1392 jusqu’au moins le 23 novembre 1412. Il fut également échevin de la seigneurie du Vieux Ath appartenant à l’abbaye de Liessies (mentions de 1400 au 29 mai 1412), échevin de la seigneurie de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai à Brantignies, et celle de l’abbaye d’Ath au même lieu-dit (mentions du 29 janvier 1398 au 15 décembre 1412). Suivant un chirographe de Mainvault daté du 4 juillet 1417, Jehan I est cité comme échevin du lieu.

Selon Félix Hachez (HAC1895), Jehan I devint seigneur de Bétissart à Ormeignies en 1394 (→ tome 4 | fonds documentaire). Maurice Van Haudenard, historien à Ath, écrit que la « famille Séjournet, de Valenciennes » avait acquis la terre de Bétissart « en 1394, de Moriel d’Astices, époux de Jenne de Hauscy, fille d’Alexandre et d’Isabeau de Lalaing » [HAU1921]. Berceau des Séjournet pour quatre générations à venir, Bétissart entra dans l’histoire juridique médiévale quand, le 15 novembre 1411, Jehan Séjournet I accorda la Charte-loi de Bétissart (→ tome 4 | fonds documentaire).

Il entra également dans les annales de la ville d’Ath pour avoir cédé gracieusement un terrain spacieux dans l’enceinte urbaine, sur lequel fut érigée, à partir de 1394, l’église paroissiale de Saint-Julien. La tradition, inscrite avec fierté dans le ‘Livre de raison’ et à laquelle font allusion des poèmes contemporains fut rapportée encore, au XVIIIe siècle, par de Boussu (→ tome 4 | fonds documentaire).

Jehan I Séjournet fut, au moins entre 1403 et 1408, lieutenant du châtelain d’Ath, qui était alors Monseigneur Othon d’Ecaussines, chevalier et seigneur de Roesne. En cette qualité, Jehan I rendit, en 1403, le compte des dépenses faites par lui-même, le maire et les échevins d’Ath, quand ils durent warder le fieste, c’est-à-dire assurer le bon ordre pendant la grande foire annuelle; dépenses qui furent faites à l’hostellerie du sieur Jehan Ostiel.

Toujours comme lieutenant, Jehan I Séjournet scella, le 29 septembre 1408, une lettre par laquelle il transmettait à tous les seigneurs, chevaliers et baillis, officiers et maires de la châtellenie d’Ath, l’ordre émané du Bailli du Hainaut, de partir avec les milices pour assiéger la ville de Thuin. A cette époque, Thuin faisait partie de la Principauté de Liège, qui depuis 1406 était en révolte contre le Prince-Evêque. Cet acte porte le sceau en placard de « Jehan Séjournés » ; il était en cire verte et ébréché ; sur la partie supérieure de l’écu l’on voyait deux fers de moulin [RUZ].

28 septembre 1408 | Cinq jours après la bataille d’Othée, marquée par la défaite des révoltés liégeois face à la fine fleur de la chevalerie de Flandre, de Hainaut et de Bourgogne, le bailli du Hainaut adresse un mandement au châtelain de Ath par lequel il fait connaître à ce dernier les ordres de Guillaume IV de Hainaut. Ce mandement concerne le siège de Thuin et est inséré dans une lettre close du lieutenant-châtelain d’Ath, ‘Jehan Séjournés’, en date du 29 septembre suivant (Orig. sur papier sceau en placard – Trésorerie des comtes de Hainaut, aux Archives de l’État à Mons) (cfr. DE VILLERS Léopold, conservateur des archives de l’Etat à Mons, Documents relatifs à l’expédition de Guillaume IV contre les Liégeois : 1407-1409, in Bulletin de la Commission royale d’histoire, Tome 4, pp. 85 à 120, Bruxelles 1877)

Li baillius de Haynnau, Chiers et bien amés, Nous avons oyt nouvelles certaines de no très redoubté signeur et de se compaignie, liquel sont en très boin point et au plaisir de Notre sire Dieu, avoecq l’ayde de Monsigneur de Bourgoingne et de ses aliiés; avoecq le desconfiture que faite ont par bataille dou mambour et de sen aisnet fil et d’autres jusques à environ de XXVm ou plus. Ils, nos dis très redoubtés sires, a espoir de brief parfurnir et acomplir sen emprise. Et oultre, de certains savons que il a volenté, sans déport, de destruire, ruer jus et mettre à exil le ville de Dynant et aussi celi de Thuing, pour tant que pluiseurs desplaisirs à luy et à sen pays de Haynnau ont fait, qui par le pooir et poissance de no dit très redoubté signeur seront bien amendet. Et pour ce que, de très boine volonté, au plaisir de Dieu, avons intention avoecq l’aide de vous et des boines gens dou pays à aller devant le ville de Thuing mettre siége à poissance, vous requérons, ou nom et de par no dit très-redoubté signeur et pour se honneur exauchier, ayant que li retours des gens d’armes se fache, tout ce de gens armés, archiés, arbalestriers à pied et à cheval que avoir porés, tantost incontinent ces lettres liuttes, fachiés traire avant et venir viers nous à Mierbes, pour nous acompaignier au dit siége, pourveus pour yauls deffraitiier. Sy ferés très grant honneur et plaisir à nous, ou nom de no dit très redoubté signeur, ensi que le confidensce en avons en vous. Che scet Nostre sire Dieux, qui vous ait en se sainte garde. Escript à Mons, le XXVIIje jour de septembre.

28 et 29 septembre 1408, à Mons et à Ath | Lettres du lieutenant-châtelain d’Ath pour l’exécution du mandement, y inséré, par lequel le bailli de Hainaut ordonne d’envoyer à Merbes-le-Chàteau tous les gens d’armes qu’il sera possible de lever, pour aller faire le siège de la ville de Thuin (cfr. DE VILLERS Léopold, Cartulaire des comtes de Hainaut, de l’avènement de Guillaume II à la mort de Jacqueline de Bavière [1337-1436], Bruxelles, Ed. F. Hayez, Tome I, p. 484, 1881).

L’expédition contre la place-forte de Thuin projetée après le désastre d’Othée devait se faire à partir de la garnison de Merbes-le-Château où se tenait pendant les opérations guerrières contre les Liégeois, le bailli du Hainaut en personne, pour surveiller les frontières. Mais l’annonce de cette levée contre Thuin et surtout la nouvelle parvenue à Thuin de l’issue catastrophique d’Othée firent comprendre aux Thudiniens l’inanité de toute résistance. Ils se rendirent donc volontairement avant même le 6 octobre. A cette date, en effet, on devait venir de Mons pour vérifier la reddition effective de la Ville (cfr Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Lobbes, Haut Pays de Sambre, n° 33, p. 20, décembre 1995)

Jehan décéda le 12 novembre 1414, inhumé au Vieux-Ath (parce que la nouvelle église de Saint-Julien n’était pas encore consacrée), puis ramené en grande pompe le dimanche 7 juillet 1415 à Saint-Julien à Ath pour y être « couché soubz un marbre au coeur d’icelle église devant la trésorier »,

x avant début 1389 Marghe de le Rosière (→ tome 3 | familles alliées), † Ath août 1428, inh. à Saint-Julien sous ce marbre, aux côtés de son époux. Armes : d’argent à une bande de sable, chargée de trois flanchis d’or, accompagnée, au second canton du chef, d’une étoile (Archives de Tournai, actes scellés en 1404). Jehan Séjournet ajoutait aux armes de sa femme, un lambel. Ce renseignement provient probablement de sa pierre tombale. D’après le Livre de raison, ils eurent huit enfants : Jehan (qui suit en II), Mahieu x Maigne Descamps, Hué x Katelijne de Maffle, Arnou (qui suit en II bis, auteur de la branche cadette) x Catherine l’Asne, Jaspard, Estienne, Robert et Maigne x Guillaume de Hembise (→ tome 2 | descendance féminine). Marghe était la cousine de Mahieu de le Rosière, échevin d’Ath en 1389.

Ils eurent huit enfants, dont Jehan, qui suit en II.

Continuer la lecture de I – Jehan Séjournet

Marghe de le Rosière ∞ /1389

Marghe de le Rosière, † Ath août 1428, inh. à Saint-Julien sous ce marbre, aux côtés de son époux. Armes : d’argent à une bande de sable, chargée de trois flanchis d’or, accompagnée, au second canton du chef, d’une étoile (Archives de Tournai, actes scellés en 1404). Jehan Séjournet ajoutait aux armes de sa femme, un lambel. Ce renseignement provient probablement de sa pierre tombale. D’après le Livre de raison, Marguerite et Jehan I eurent huit enfants : Jehan, Mahieu x Maigne Descamps, Hué x Katelijne de Maffle, Arnou x Catherine l’Asne, Jaspard, Estienne, Robert et Maigne x Guillaume de Hembise. Marghe était la cousine de Mahieu de le Rosière, échevin d’Ath en 1389,
x avant début 1389
Jehan Séjournet, dit ‘l’aisné’, En 1384, il s’adressa à la juridiction d’Ath pour obtenir paiement de créances. Il devint bourgeois d’Ath, puis échevin d’Ath, de 1392 jusqu’au moins le 23 novembre 1412. Il fut également échevin de la seigneurie du Vieux Ath appartenant à l’abbaye de Liessies (mentions de 1400 au 29 mai 1412), échevin de la seigneurie de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai à Brantignies, et celle de l’abbaye d’Ath au même lieu-dit (mentions du 29 janvier 1398 au 15 décembre 1412). Suivant un chirographe de Mainvault daté du 4 juillet 1417, Jehan I est cité comme échevin du lieu.

Selon Félix Hachez [HAC1895], Jehan I devint seigneur de Bétissart à Ormeignies en 1394. Maurice Van Haudenard, historien à Ath, écrit que la « famille Séjournet, de Valenciennes » avait acquis la terre de Bétissart « en 1394, de Moriel d’Astices, époux de Jenne de Hauscy, fille d’Alexandre et d’Isabeau de Lalaing » [HAU1921]. Berceau des Séjournet pour quatre générations à venir, Bétissart entra dans l’histoire juridique médiévale quand, le 15 novembre 1411, Jehan Séjournet accorda la Charte-loi de Bétissart (→ tome 2 | Fonds documentaire | La Charte-loi de Bétissart + texte original).

Il entra également dans les annales de la ville d’Ath pour avoir cédé gracieusement un terrain spacieux dans l’enceinte urbaine, sur lequel fut érigée, à partir de 1394, l’église paroissiale de Saint-Julien. La tradition, inscrite avec fierté dans le ‘Livre de raison’ et à laquelle font allusion des poèmes contemporains fut rapportée encore, au XVIIIe siècle, par de Boussu (→ tome 2 | Fonds documentaire | ‘Des biensfais Jehan Séjourné’).

Jehan I Séjournet fut, au moins entre 1403 et 1408, lieutenant du châtelain d’Ath, qui était alors Monseigneur Othon d’Ecaussines, chevalier et seigneur de Roesne. En cette qualité, Jehan I rendit, en 1403, le compte des dépenses faites par lui-même, le maire et les échevins d’Ath, quand ils durent warder le fieste, c’est-à-dire assurer le bon ordre pendant la grande foire annuelle; dépenses qui furent faites à l’hostellerie du sieur Jehan Ostiel. Toujours comme lieutenant, Jehan I Séjournet scella, le 29 septembre 1408, une lettre par laquelle il transmettait à tous les seigneurs, chevaliers et baillis, officiers et maires de la châtellenie d’Ath, l’ordre, émané du Bailli du Hainaut, de partir avec les milices pour assiéger la ville de Thuin. A cette époque, la ville de Thuin faisait partie de la Principauté de Liège, qui depuis 1406 était en révolte contre le Prince-Evêque. Cet acte porte le sceau en placard de « Jehan Séjournés » ; il était en cire verte et ébréché ; sur la partie supérieure de l’écu l’on voyait deux fers de moulin (cf. Fonds Ruzette).

Jehan décéda le 12 novembre 1414, inhumé au Vieux-Ath (parce que la nouvelle église de Saint-Julien n’était pas encore consacrée), puis ramené en grande pompe à Saint-Julien à Ath pour y être « couché soubz un marbre au coeur d’icelle église devant la trésorier ».

Eric de Séjournet de Rameignies

Sources |[HAC1895] [HAU1921] [RUZ] > Bibliographie