1408 | Les anilles

Les anilles ou fers de moulin se retrouvent pour la première fois, le 29 septembre 1408, sur le sceau par lequel ‘Jehan Séjournés’, seigneur de Bétissart et lieutenant du châtelain d’Ath, scella une lettre par laquelle il transmettait à tous les seigneurs, chevaliers et baillis, officiers et maires de la châtellenie d’Ath, l’ordre émané du Bailli du Hainaut, de partir avec les milices pour assiéger la ville de Thuin. A cette époque, la ville de Thuin faisait partie de la Principauté de Liège. Ce sceau était en cire verte et ébréché. Sur la partie supérieure de l’écu, on pouvait apercevoir deux fers de moulin. Il se trouvait aux Archives de l’Etat à Mons, trésorerie des comtes de Hainaut et fut détruit en mai 1940 [RUZ]. 

Entre les XVe et XVIIe siècles, treize autres sceaux furent retrouvés, ayant appartenu aux Séjournet (→ tome 2 | Patrimoine familial). Ils comportent trois anilles, meubles de l’écu. Chacune est formée par deux demi-cercles, tournés l’un à dextre, l’autre à senestre, et liés par deux listels, qui forment un vide carré au centre. L’anille est ainsi nommée d’un fer dont on se servait autrefois au moyeu des roues de moulin pour les fortifier (voir schéma ci-dessous). Elles signifiaient qu’on avait droit de moulin banal [de GRANDMAISON Charles, Dictionnaire héraldique, Paris, 1861].

coll. Moulins à vent de l’Avesnois 


La transmission du mouvement du petit fer à la meule tournante est possible grâce à deux pièces métalliques importantes : la fourche (ou fourchette) et l’anille. La fourchette termine le petit fer et saisit l’anille en son centre. L’anille est une barre métallique qui est scellée dans la pierre tournante et lui est solidaire. Quand le petit fer tourne, la fourchette fait tourner l’anille, qui elle-même fait se mouvoir la meule.

Les fers de moulin étaient l’emblème attribué seulement aux seigneurs haut-justiciers. Il n’appartenait qu’à ceux-ci d’avoir droit de moulin banal et d’obliger tous les vassaux à y venir faire moudre, avec défense à tous les meuniers circonvoisins de venir empiéter sur leurs privilèges ; l’usage des anilles ou fers de moulin dans les armoiries révèle une noblesse de race ou très ancienne [CAR1664].

Chez les Séjournet, les fers de moulin (ou anilles) rappellent des ancêtres meuniers. « Meuniers », dit Léo Verriest (archiviste-historien de la ville d’Ath), « peut-être de ces importants moulins d’Ath, à deux tournants, qui mûs par les bras de la Dendre alimentaient le ’castrum’ et la Villette depuis longtemps »  [FOR1976].