Cantaraine à Mainvault

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après 1600 | Mainvault, Adrien de Montigny pinxit
Album Charles de Croÿ, t. VIII, Comté de Hainaut, pl. 121

La seigneurie de Cantaraine (ou Canteraine) se trouvait à Mainvault, un village essentiellement agricole situé au nord-ouest d’Ath. Elle fait partie intégrante de l’histoire des Séjournet, car transmise de génération en génération, du XVe à la fin du XVIIIe siècle.

Sur le plan étymologique, cantaraine, canteraine ou cantraine(s) vient de l’ancien français ‘chanteraine’ (impératif latin ‘canta ranna !’ qui veut dire ‘chante, grenouille !’), et désigne les lieux marécageux où coassent les batraciens [JES2005].

Dès le milieu du XIIe siècle, une importante famille seigneuriale de Mainvault apparaît dans les textes et possédait de vastes domaines. Nicolas de Mainvault figurait parmi les seigneurs et chevaliers qui jurèrent de respecter la charte pénale de Hainaut de 1200. On peut suivre ses descendants jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Par après la majeure partie du village faisait partie du fief de Lahamaide, relevant de la prairie de Silly, qui passa ensuite dans les biens des familles de Luxembourg-Fiennes et d’Egmont. Le reste de la localité se partageait entre de nombreux seigneurs ecclésiastiques (chapitres de Cambrai, de Leuze, abbayes de Saint-Ghislain, de Ghislenghien, de Saint-Martin de Tournai, Notre-Dame du Refuge d’Ath, Sainte-Gertrude de Nivelles) et laïques (de Canteraine ou de Séjournet, du Recq, de Thierry de Frasnes, de Havré, de Hoves, de la Ramonnerie). Six d’entre elles (de Lahamaide, de Séjournet, du chapitre de Cambrai, de Saint-Ghislain, de Notre-Dame du Refuge, de Saint-Martin de Tournai) reçurent des chartes-lois au XVe siècle [WAL-BRU1980, p. 920-921].


TABLEAU DES SEIGNEURS SUCCESSIFS DE CANTARAINE

1.6 | Estienne Séjournet

1.1.4 | Jacques Séjournet, tuteur de son neveu Jacquet (1.1.7.1), x Isabiel Saumon

1.1.7.1 | Jacques Séjournet, °août 1460, prêtre

1.1.4.6 | Joachim Séjournet x Jenne de Montigny

1.1.4.6.14 | François Séjournet x Marguerite Ghodin

1.1.4.6.14.6 | Jacques Sejournet x Isabeau Sallet

1.1.4.6.14.6.4 | Henri Séjournet x Jeanne de le Vielleuze

1.1.4.6.14.6.4.6 | Jacques Séjournet x Anne Maroquin

1.1.4.6.14.6.4.6.1 | Charles-François Séjournet, prêtre
1.1.4.6.14.6.4.6.9 | Jacques Séjournet x Elisabeth Ponthieu

1.1.4.6.14.6.4.6.9.2 | Jacques-Florent Séjournet, célibataire
1.1.4.6.14.6.4.6.9.3 | Louis-Philippe Séjournet x Marie-Anne de la Catoire

1.1.4.6.14.6.4.6.9.3.1 | Alexandre Séjournet x Colette de Roisin


DATES CLEFS ET ÉVÉNEMENTS FAMILIAUX A CANTARAINE

1 août 1432 | Jehan Séjournet (1.1) est cité comme lieutenant-mayeur de la seigneurie de Cantaraine à Mainvault

1473-1474 | Jacques (1.1.4) figure au cartulaire en qualité de tuteur de son neveu Jacquet, comme tenant la terre et seigneurie de Cantaraine, gisant à Mainvault, avec justice, haute moyenne et basse, le revenu étant évalué à 25 livres [FOR1976].

24 septembre 1449, 19 octobre 1452 et 8 décembre 1456 | Estievenin ou Estienne Séjournet (1.6) possède une seigneurie à Mainvault. Selon Léo Verriest, cette seigneurie est probablement celle de Cantaraine, qui se retrouvera aux mains de son neveu Jacques Séjournet (1.1.4) [VER1943]. Estievenin l’a-t-il héritée de son père Jehan (1) ? Rien ne permet jusqu’à présent de l’affirmer [PAR1945].

1488-1502, 1506 | D’après le chevalier Parthon, sire Jacques Séjournet (1.1.7.1), prêtre et fils d’Estienne (1.1.7) possède, selon trois cartulaires de 1488-1502 et 1506, en la ville et terroir de Mainvault, un fief, appelé de Cantaraine, sur lequel, il a toute justice, haute, moyenne et basse, avec mayeur et sergeant, fief tenu de Mgr de Trazegnies, à cause de sa terre d’Irchonwelz. Jehan de Macquefort et son fils Pierre, sont baillis de la seigneurie de Cantaraine. Le 3 octobre 1506, le premier est cité comme sergeant avec Jehan du Quesne, pour arrêter, empêcher et calinger tous malfaiteurs et malfaiteuses de sa terre. Voici ce que dit le Fonds Ruzette : extrait des A. G. R. n° 1118. Registre des fiefs et arrière fiefs du Hainaut, châtellenie d’Ath : f° 215 – ‘sire Jacques Séjournet, prêtre, fils d’Etienne demeurant à Valenciennes, tient de la terre d’Irchonwelz deux fiefs : Le premier est ample et se comprend en deux bonniers de terre labourable, gisant au terroir dudit Irchonwelz emprès Bethissart, tenant aux terres de l’abbaye de Vi… et vaut quant blé y a, vingt sept rasières d’avoine à la… de mars – et rien à la jachère. Le second est lige, nommé le fief de Canteraine, gisant au jugement de Mainvault, se comprend en cens et rente d’argent, d’avoine et de chapons – et vaut XXXIII liv. t.’ [FOR1976, p.29]

12 mars 1490 | Barbe Séjournet (1.2.4), fille de Mahieu, fait une donation au profit du commun des pauvres de Mainvault. En effet, étant veuve de Pierre Ridoul, et assistée de sire Séjournet, prêtre, elle fait donation vis-à-vis de Pierart de Macquefosse, mayeur, et des échevins de la seigneurie de Cantaraine, d’une rente annuelle et perpétuelle de 50 livres tournois assise sur divers biens de cette seigneurie, due par Guillaume de le Viesleuze, à cause de Gilles Le Grant, sa femme, au profit de l’église Saint-Julien d’Ath, à charge de chanter chaque année, « trois obits sollennels à trois cierges », ainsi qu’une messe à chanter dans la première semaine de mai pour le salut de feux Jean et Julien, ses frères. Ces messes doivent être annoncées le dimanche précédent et suivies d’une distribution de 12 pains blancs pour 20 sols tournois. Par ce même acte, elle fait une donation au profit du commun des pauvres de ‘Mainvaut’, à charge de chanter deux obits perpétuels pour le repos de ses frères et de Pierre Ridoul [FOR1976, p.23].

1er avril 1524 | François Séjournet (1.1.4.6.14) reçoit de son père Joachim la seigneurie de Cantaraine, et en fait le relief le même jour.

23 avril 1524 | Contrat de mariage passé à Ath de François Séjournet (1.1.4.6.14) avec Marguerite Ghodin; il apporte notamment le fief ample de Cantaraine [FOR1976, p.56].

5 avril 1597 | Jacques Séjournet (1.1.4.6.14.6), homme de fief du Hainaut et seigneur de Cantaraine et du Quesnoit, fait à Ath, avec sa femme son avis.

21 septembre 1639 | Henri Séjournet (1.1.4.6.14.6.4), escuier et seigneur de Cantaraine et du Quesnoit, est inhumé aux Récollets à Ath, sous une pierre tumulaire ornée de ses armoiries, et portant cette épitaphe : « Cy gist Monsieur Henry Sejournet, escuier, Seigneur de Cantaraine, syndic de ce couvent, mort, le 21 septembre 1639. R. I. P. »

7 avril 1640 | Qualifié écuyer, Jacques Séjournet (1.1.4.6.14.6.4.6) fait le relief de Cantaraine.

29 novembre 1649 | Dans un chirographe athois, on apprend que « le sieur Jacques Séjournet, écuyer, seigneur de Cantaraine, demeurant présentement à Beloeil, et son épouse Anne Marokin, dont enfants, achètent pour deux mille deux cent livres, six journels de terre en deux parties, qu’occupait ci devant à bail, le sieur Henry Séjournet son père, tenant au bois de Wilhouz, et un demi bonnier de terre tenant au chemin d’Ath à Maffle ».

6 janvier 1685 | Selon le chevalier Parthon de Von, les enfants d’Anne Maroquin partagent par acte, les biens de leurs parents. Dans ce partage, l’aîné Charles (1.1.4.6.14.6.4.6.1), prêtre, reçoit la seigneurie de Cantaraine et Jacques (1.1.4.6.14.6.4.6.9), celle du Quesnoit.

17 juin 1730 | Jacques Séjournet (1.1.4.6.14.6.4.6.9) devient seigneur de Cantaraine après le décès de son frère aîné Charles-François. Suivant son épitaphe, qui mentionne aussi deux de ses enfants, il est dit également seigneur de Gages : « Cy devant est inhumé le corps de Jacques Séjournet escuyer seigneur de Cantaraine, Quesnoit, Gages et autres lieux, mort le 17 juin 1730, et de dame Elisabeth Ponthieu, son épouse, terminée le 22 de septembre 1723 ».

18 septembre 1759 | Décès de Jacques Florent Séjournet (1.1.4.6.14.6.4.6.9.2), escuyer, seigneur de Cantaraine etc., mort en célibat.

19 septembre 1774 | Décès de Louis-Philippe Séjournet (1.1.4.6.14.6.4.6.9.3), seigneur de Cantaraine après son frère aîné.

La seigneurie de Cantaraine resta jusqu’à la fin de l’ancien régime aux mains des Séjournet [VER1943], notamment d’Alexandre Séjournet (1.1.4.6.14.6.4.6.9.3.1)[GOR1933].



Sources

JES2005 | JESPERS Jean-Jacques, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, Lannoo Uitgeverij, 2005, p. 180
VER1943 | VERRIEST Léo, Un ‘Livre de Raison’ des Séjournet, notable lignée féodale du Pays d’Ath, Annales du Cercle archéologique du canton de Soignies, tome IX, 1943, p.34
GOR1933 | GORLIA Joseph, Histoire de Rameignies, Fontaine-l’Evêque 1933, p. 45